1 – Jeudi 5 juin, le monde financier écoutera Mario Draghi : ce n’est plus Bernanke ou Yellen qui ont la vedette
Il va nous dire que la croissance n’est pas là, pas 1 %, l’inflation moins encore, pas 1 % pour 2014, à peine plus pour 2015. Dans ces conditions les taux réels sont élevés et pèsent sur la croissance. Et ces taux réels attirent les investisseurs étrangers… et soutiennent l’euro. Et cet euro fort pèse sur l’inflation, la croissance… et ainsi de suite. Donc il faut agir.
Le plus vraisemblable est qu’il va baisser les taux courts. Mais ils sont à 0,25 % ! Disons de 0,1 %, donc il va ajouter d’autres mesures pour accroître l’effet. Lesquelles ?
- Dans une logique graduelle, Mario Draghi pourrait annoncer qu’il maintiendra ses taux jusqu’à ce que l’inflation atteigne 2 % (peut être va-t-il ajouter « jusqu’à ce que la croissance soit plus soutenue » ?). Bref, il s’agira pour lui de renforcer la forward guidance en allongeant l’horizon anticipé des taux bas, ce qui revient à une baisse psychologique supplémentaire.
- Aller plus loin et passer à des taux négatifs sur les réserves ? Pourquoi pas ? Ceci ferait vite baisser l’euro, puis les taux d’intérêt. Baisser l’euro ferait remonter un peu l’inflation (10 % de baisse de l’euro c’est 0,4 % d’inflation en plus) et soutiendrait la croissance. De son côté, des taux de réserve négatifs feraient baisser le coût du crédit, autre soutien à la croissance.
- Intervenir plus nettement sur les taux à moyen terme ? Les marchés fourmillent de propositions d’interventions à ce sujet, directes ou indirectes pour faire baisser les taux du crédit bancaire. Il faudra plutôt convaincre la Buba si les mesures précédentes ne suffisent pas – sauf si elle est suffisamment inquiète par ce qui se passe.
2 – Europe : la politique va reprendre ses droits
- L’intervention de Mario Draghi le 8 mai a détourné les esprits qui n’ont pas encore beaucoup analysé les résultats des européennes…
- Le premier souci va concerner la poussée populiste, notamment si les « eurosceptiques » se regroupent. Ils représentent potentiellement 13 % des députés (101).
- Le deuxième sujet va naître quand les chefs d’état et de gouvernement devront choisir le candidat proposé pour présider la Commission. Ce choix sera soumis au vote du Parlement. Juncker ou pas Juncker sera alors la question, conduisant à une nouvelle montée des tensions entre les exécutifs nationaux et le législatif européen.
3 – Etats-Unis : après des chiffres inquiétants pour le premier trimestre, en bonne part attribués à un hiver rigoureux, les regards vont se porter sur les indicateurs d’activité et d’emploi. Ils devraient être meilleurs, ce qui n’empêchera pas Jane Yellen de profiter de cette morosité pour repousser encore la remontée des taux.
4 – Politique Valls : un retournement en France ?
- Regardons ce qui se joue aujourd’hui sur la croissance : en mars le chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière baisse de 0,5 % par rapport à février, le bâtiment va de mal en pis, le chômage continue de monter, surtout pour les seniors.
- Les entrepreneurs et les ménages ont intégré les mesures du Plan Valls. Mais attention au risque de brouillage face à des « gestes » sur les salaires ou les retraites qui vont en sens contraire. Ils vont en effet augmenter les déficits (budget, extérieur, retraite) et alimenter le doute sur la cohérence d’ensemble des mesures, rabotant encore la confiance et la croissance.
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